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Ouest-France: Pas de fiesta ni de clope

Ouest-France: Pas de fiesta ni de clope
L'appart d'Alexis est installé dans une entreprise désaffectée
Quais d'Argenteuil, banlieue nord-ouest de Paris. Autant oublier la vue romantique sur la Seine et les bateaux-mouches. Ici, l'ambiance flaire plutôt la zone industrielle, avec de longues enfilades d'entrepôts frigorifiques et de friches, au milieu d'un entrelacs autoroutier.
Pour entrer chez lui, Alexis fait rouler une lourde grille bleue cadenassée. La guérite d'accueil est désertée depuis longtemps. Le parking jouxte un ancien quai de déchargement. Exit la pâtisserie industrielle. Depuis un an, Alexis, 26 ans, et ses camarades résident dans sa partie administrative. Ils ne squattent pas les lieux, mais les occupent temporairement et en toute légalité. Le jeune journaliste sportif a signé un bail précaire en bonne et due forme avec l'antenne française du groupe Camelot (créé en 1993, au Pays-Bas).
« Mon loyer mensuel s'élève à 200 €, électricité comprise. Pour un studio à Paris, je laisserais la moitié de mon salaire. Pas question. Je préfère faire des économies pour accéder plus tard à la propriété. » Alexis dispose de 50 m2 et partage cuisine et sanitaires avec ses quatre colocs, ingénieurs, sapeurs-pompiers, travailleurs sociaux... Tout le monde bosse. Condition requise pour prétendre à une location Camelot. Tout comme une garantie prouvant qu'on peut vite être relogés ailleurs : « Si les locaux sont réoccupés par une entreprise, j'ai un mois pour partir. »
Pas de fiesta ni de clope
La « piaule » d'Alexis est installée dans une ancienne salle de réunion. Le mobilier d'origine, caisson de rangement et vitrines, a été intégré à la déco plutôt soignée. En hiver, il ne faut pas être frileux. Les 50 m de couloir qui séparent la chambre d'Alexis de la salle de bain (deux douches de vestiaire) ne sont pas chauffés. Alors, pour se déplacer plus vite, il utilise... une trottinette. « Avec mes collègues, on partage l'entretien des parties communes, parfois on boit un coup ensemble... » Mais attention, le règlement de l'agence Camelot est strict : pas de fiestas, ni de clope...
La courbe de progression de cette entreprise hollandaise, spécialisée dans la gestion de bureaux vacants, suit celle de la flambée des prix de l'immobilier. « Cette solution de logement a été adoptée par 50 000 personnes au Pays-Bas, note Olivier Berbudeau, responsable de l'antenne France. Nous offrons à nos clients qui possèdent ces espaces non occupés, une garantie de sécurisation. Car un local non habité se dégrade très vite. » Alexis, lui, y trouve son compte. Sa mère, elle, aimerait bien le voir vivre ailleurs...
Anne-Élisabeth BERTUCCI